La carte de 450 et la question d'Octodurus.

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La carte nous montre (jaune) la métropole de Vienne et ses quatre suffragants : Grenoble, Valence, Genève et Tarentaise, situation stabilisée par la lettre de saint Léon en 450. Cette carte n'a pas pour but de montrer les diocèses comme des territoires, bien que calqués sur les provinces romaines ; les diocèse de 450 tiennent dans les cités dont ils portent le nom : Vienna Allobrogum, Gratianopolis, Valentia, Genava et Darantasia.

Quid d'Octodurus (actuelle Martigny, le siège étant ensuite transféré à Sion) car l'on sait qu'à cette époque le Siège existait et était pourvu ? La plus ancienne mention du diocèse remonte en effet à 381, lorsque l'évêque d'Octodure participa au concile d'Aquilée. C'est Théodore, plus célèbre sous le nom de « saint Théodule » et connu pour la fondation du culte de saint Maurice, qui y assista. De plusieurs échanges avec le grand médiéviste Laurent Ripart, celui-ci me proposa ce texte qui résume assez bien les choses :

« Bonjour, votre mail met le doigt sur une vraie difficulté : la documentation paraît contradictoire et on comprend effectivement mal la situation de l'église du Valais, mais aussi celle d'Aoste, au haut Moyen Age. Si la plupart des historiens s'arrangent pour contourner la difficulté, je fais partie des historiens qui pensent que l'explication vient du statut particulier de la Tarentaise. Eu égard à son statut civil, la Tarentaise avait en effet autorité sur Aoste et Octodure et aurait dû être un siège métropolitain. Pour des raisons qui nous échappent, la Tarentaise a toutefois été située dans la dépendance de Vienne, mais il est possible qu'elle n'en ait pas moins conservé une certaine autorité sur le Valais et Aoste. Dans cette hypothèse, en remettant la Tarentaise à l'évêque de Vienne, Léon lui aurait aussi remis ses dépendances, autrement dit Aoste et Octodure. Il faudrait dès lors considérer que la Tarentaise aurait à l'époque mérovingienne occupé une position intermédiaire, à la fois suffragante de Vienne et disposant d'une autorité de type métropolitaine sur Aoste et le Valais. Cette solution a ma faveur, car elle permet de comprendre que Charlemagne, dont on sait qu'il aimait les situations claires, ait choisi de rendre les choses cohérentes, en officialisant le statut de métropole que la Tarentaise a pu en réalité exercer depuis toujours. Bien à vous. » Laurent Ripart

 

Si l'on peut prendre quelques distances avec ce qui est dit d'Aoste dont la paternité fut plutôt, via Verceil, Milan ; il est évident que, "eu égard à son statut civil", la province des Alpes Pénines ayant été attachée à celle des Alpes Graies et Darantasia étant la cité de cette grande province alpine, lorsque le diocèse de Darantasia fut créé, la logique voulait que l'évêque d'Octodure devienne son sufragant. Pourquoi l'évêque de Darantasia ne porta-t-il pas dès lors le titre de métropolitain, c'est la question qui demeure ?

 

Date de dernière mise à jour : 26/12/2024