Bien que cela ait concerné une zone beaucoup plus étendue que le simple secteur savoyard 3bis, c’est-à-dire la Tarentaise, il importe de préciser le travail de la mission interalliée Union. Cette mission nous permet de retrouver Georges Muyard, personnage incontournable de cette résistance tarine et de mieux comprendre les grands parachutages de La Plagne (11 mars 1944) et plus encore des Saisies (1er août 1944) qui donnèrent enfin aux troupes de la Résistance un armement digne de ce nom, même si l’armement lourd (en particulier les mortiers) fut absent des parachutages.
L’enquête menée il y a quelques années auprès des Services du Bureau Résistance et Seconde guerre mondiale du Service Historique de la Défense a montré que l’abbé Georges Muyard était titulaire de l’attestation d’appartenance aux Forces Françaises Combattantes n° 38.296 établie au titre du réseau « ACTION R 1 (Mission Union) » pour la période du 1er janvier 1944 au 5 août 1944, c’est donc lui qui, en Tarentaise, était l’interlocuteur pour préparer au mieux les actions.
Pour l’année 1944, on constate donc un changement au niveau des missions : le passage de missions qui furent essentiellement des missions de renseignements à des missions d’action, c’est-à-dire en lien direct avec les événements de terrains, en l’occurrence les parachutages.
La mission Union fut une mission interalliée commandée par trois hommes : un français, le lieutenant-colonel Pierre FOURCAUD, dit « Sphère », officier du BCRA et premier chef du 1er Bataillon d'Infanterie de l'Air ; un américain, Peter Julien ORTIZ, dit « Chambellan » de l'Office of Strategic Services ; et un britannique, le capitaine Henry THACKTHWAITE, dit « Procureur », du Special Operations Executive. Fourcaud arriva en France le 8 février 1944 par un avion qui le déposa en Saône et Loire et repartit aussitôt pour Londres avec à son bord Lucie et Raymond Aubrac. Les deux autres responsables avaient été parachutés le 7 janvier 1944.
Leur objectif était de permettre l’armement des différents groupes qui avaient été constitués sur le terrain et qui vont former les Forces Françaises de l’Intérieur. (Les Forces françaises de l'intérieur (FFI) est le nom donné en 1944 à l'ensemble des groupements militaires clandestins qui s'étaient constitués dans la France occupée : Armée secrète, Organisation de résistance de l'armée, Francs-tireurs et partisans, etc. C‘est le lieutenant-colonel de Galbert qui aura pour mission de regrouper tous les combattants des deux départements savoyards sous le sigle FFI).
En accord avec Paul Rivière (dit « Marquis »), chef des opérations de parachutage pour la zone sud, la Mission Union envoie à Londres un télégramme, le 16 février 1944, demandant l’organisation rapide de parachutages pour armer les groupes savoyards. Les premiers parachutages seront ceux du mois de mars, dont celui de La Plagne, dans la nuit du 10 au 11 mars 1944 …
