
Jean Reymond (1907 - 1944)
Un nom apparaît parmi les premiers résistants moûtiérains, c’est celui de Jean Reymond. Il n’était pas moûtiérain par ses origines car né en 1907 à Oraison (Alpes de Haute Provence). Jean Reymond intègre l’administration fiscale et occupe pendant une quinzaine d’années le poste de Receveur de l’Enregistrement à Moûtiers.

Près du pont Maisel, les bureaux de l'Enregistrement (à côté de l'actuelle boulangerie) et, à l'étage, l'appartement de Jean Reymond.
Mobilisé en 1939 comme brigadier d’artillerie dans l’Armée des Alpes, il verra, en juin 1940, les canons français briser les offensives italiennes et faire échouer le plan de marche des armées du Duce, plan qui prévoyait une déploiement rapide jusqu’à Chambéry, puis Grenoble et Lyon. Aucun de ces objectifs ne fut atteint et pourtant il y eut l’humiliante capitulation. Le parcours de Jean Reymond en juin 1940 est l’occasion de rappeler qu’il n’y eut qu’une victoire française, sur le territoire national, en cette année 1940 : la Bataille des Alpes, et pourtant il fallut signer l’armistice. De là est né un profond besoin de revanche pour ces soldats de l’Armée des Alpes, appelés et engagés, et ce fut un terreau fécond lorsque la Résistance s’organisa.
Jean Reymond était parfaitement à l’aise dans le milieu alpin : alpiniste chevronné, marcheur infatigable, il était aussi un tireur renommé. C’est tout naturellement qu’il va tisser des liens avec d’autres sportifs et chasseurs moûtiérains : les frères Bardassier, Louis Sibut, les frères Laurent, Marcel Martin, les frères Alessio. Il sera apprécié de Louis Lungo et deviendra l’un de ses principaux lieutenants.
L’un des premiers coups de main auquel il va, non seulement participer, mais dont il fut l’instigateur, est la prise de l’entrepôt des tabacs de Moûtiers qui était situé rue du Marché. Le but était de vider cet entrepôt où était stockée une importante quantité de tabacs afin de distribuer celle-ci dans les différents maquis. Le côté cocasse de cette action est qu’elle fut dirigée par Jean Reymond, receveur de l’Enregistrement, qui allait ainsi voler son collègue des Contributions indirectes.
Un élément plus important mérite d’être souligné : c’est la première fois en Tarentaise qu’un coup de main allait être exécuté par un groupe mixte comprenant des éléments de l’Armée Secrète et des Francs-Tireurs et Partisans. Cela préfigurait l’unification officielle qui allait se faire, en 1944, sous le sigle des Forces Françaises de l’Intérieur.
Là encore, Jean Reymond exerça un rôle pionnier.